Le mot « baroque » (du portugais barroco : « perle irrégulière ») qualifie une esthétique de l’irrégularité, du mouvement, de l’excès, de la démesure, de la profusion, du spectaculaire, du grandiose, de l’énergie, bref, du « bizarre ». Le baroque naît en Italie avant de s’étendre à l’Europe et l’Amérique Latine. Il concerne surtout la peinture, la sculpture, l’architecture, la littérature et la musique des XVIIe et XVIIIe siècles.

   Dans le domaine des arts plastiques, le style baroque semble animer les corps représentés ou les figer dans des attitudes très gestuelles. Les personnages évoluent dans des décors ou des constructions en perspective qui sont de savants trompe-l’œil. Le but ultime est de séduire par des œuvres spectaculaires, grandiloquentes, quitte à prendre certaines libertés dans la représentation.

 

   Peintre et diplomate flamand, Pierre Paul Rubens (1577-1640) peut être considéré comme l’un des « inventeurs » du baroque. Entre 1620 et 1625, il entreprend de peindre le cycle des allégories de la vie de Marie de Médicis (1573-1642), reine de France et épouse du roi Henri IV.

   Le tableau intitulé Présentation du portrait de Marie de Médicis au roi Henri IV est une huile sur toile de 394x295 cm et fait partie du cycle réalisé par le peintre. Il raconte, avec profusion de détails, un épisode précis de l’histoire de la reine et du roi. Ce dernier est représenté entouré de personnages mythologiques, découvrant le portrait de sa futur épouse. Deux petits angelots jouent avec les armes du roi, le portrait est tenu par Cupidon et un autre angelot, le tout sous le regard de Jupiter et Junon qui symbolisent ici les joies du mariage. De quoi légitimer, par la mythologie des anciens les moments de la vie des souverains…

   Dans son tableau, Rubens mélange la réalité et la mythologie ; c’est l’une des caractéristiques du baroque. Les personnages sont mis en scène dans des attitudes peu habituelles et ont des positions théâtralisées ; l’artiste exagère volontairement le côté spectaculaire. Les personnages flottant dans l’espace ou sur des nuages caractérisent également le baroque. Les matières et textures (tissus, métaux, nuages, plumes, peau…) sont mises en valeur par un traitement plastique particulièrement élaboré (précision des touches, justesse des couleurs, etc.) et la lumière accentue les modelés. L’artiste rend la sensualité des corps.

 

 

 

 

 

 

 

Le Classicisme

 

   Il est de coutume d’opposer au baroque le classicisme.

   Ce dernier apparaît en Italie à la fin du XVIe siècle, mais c’est surtout en France qu’il s’épanouit, en particulier sous le ministère de Richelieu (1624-1642) ; Louis XIV en fera un style propre à son règne et l’élaboration du château de Versailles répondra au canon* classique : il en deviendra même le symbole.

   Il se caractérise par une recherche de la perfection et de l’équilibre, que ce soit dans les couleurs, dans la lumière (presque toujours frontale) dans les formes ou dans les compositions. Les artistes classiques dessinent d’après des modèles vivants pour saisir la justesse des proportions des corps et le naturel des attitudes. Les sujets mettent en valeur l’action humaine et les sentiments les plus divers.

 

   Attiré par le monde antique et les maîtres de la Renaissance, le français Nicolas Poussin est l’un des tous premiers peintres à s’intéresser aux paysages qu’il saisit directement d’après nature. Dessinateur exigeant et rigoureux, spécialiste de l’anatomie et de la perspective, il étudie autant l’éclairage à l’intérieur de ses peintures que les compositions. Poussin a passé l’essentiel de sa vie à Rome. Il est l’un des représentants les plus importants du classicisme et son influence sur la peinture des XVIIe et XVIIIe est considérable.

   Le Jugement de Salomon (huile sur toile de 101x150 cm, peint en 1649) raconte une histoire d’inspiration biblique qui se termine par une morale : le roi a la sagesse et l’autorité pour rendre un verdict et il le rend avec discernement et intelligence. L’œuvre est clairement divisée en trois parties reposant sur la géométrie de l’espace avec au centre le roi. Les représentations symétriques sont nombreuses : colonnes, encadrements de portes, carrelage, etc.

 

Les références à l’Antiquité grecque et romaine, propres au classicisme, apparaissent nettement tant dans les tenues et accessoires des personnages que dans les éléments d’architecture.



* Canon : dans les arts, il s’agit d’un ensemble de règles qui établissent, par convention, ce qui est beau ou bien fait.