T-O

Felice Varini : Trois cercles désaxés, installation au Musée d'Art Contemporain du Val de Marne (MAC-VAL), 2005

 

 

L’œuvre est ici un dispositif dérivé de l’anamorphose* : les trois cercles rouges sont peints directement sur les murs, le plafond, le mur extérieur et les colonnes du lieu d’exposition. Ils apparaissent toutefois déformés si l’on ne se place pas au bon endroit qui est le point de vue privilégié.

C’est au spectateur de se déplacer pour redonner sens à l’œuvre ; par son implication, l’œuvre a du sens.

Cela ne vous rappelle rien ? Une œuvre avec un point de vue unique, déterminant la hauteur du regard du spectateur et sa place par rapport à l’image : c’est de la perspective ! Et si la perspective est cette technique qui cherche à représenter l’espace réel sur un support plat, c’est aussi cette vision humaniste qui vise à trouver, idéalement et symboliquement, la place de l’être humain dans l’univers.

Toutefois, au lieu de créer une image où l’espace est représenté en perspective, Varini utilise directement un lieu où la perspective est prégnante, il l’utilise comme le support d’une peinture qui, avec le jeu de perspective, va nous paraître totalement plate. C’est comme un jeu de perspective inversée.

Dans ses œuvres, Varini questionne le rôle de la place du spectateur et, comme les artistes humanistes de la Renaissance, la place de l’homme par rapport à l’univers qu’il perçoit. Il joue sur la tromperie des apparences, surtout pour le spectateur qui ne ferait pas l’effort de changer de point de vue. En ce sens, tout comme les artistes de la Renaissance, il nous donne à voir une œuvre dont le sens est caché et qui ne sera dévoilé qu’à celui qui sera suffisamment curieux de découvrir la vérité.          

 

 

Voir pages complémentaires :

T-C  Le Salon Agam        [pour la place du spectateur dans l'oeuvre]

T-G  Les Ambassadeurs   [pour le principe de l'anamorphose]

T-H  Les huit carrés          [pour d'autres oeuvres de l'artiste]

 

                                        

* L’anamorphose est un procédé qui consiste à incliner le plan de projection des images (effet de miroir déformant) puis à le redresser : la déformation rend l’image illisible. La lecture se fait obliquement ou à l’aide de miroirs. On peut imaginer une fonction de camouflage de l’anamorphose, « discours » secret dérobé et révélé seulement à l’initié pour diverses raisons. Le plus souvent, c’est une partie de l’image seulement qui est traitée en anamorphose, le reste étant construit selon les règles perspectives normales.