Pablo Picasso : Guernica (1937)

huile sur toile ; 782 x 351 cm

 

 

   Le 26 avril 1937, jour de marché, quatre escadrilles nazies de la légion Condor, protégées par des avions de chasse italiens, procèdent au bombardement de la ville espagnole de Guernica afin de tester leurs nouvelles armes. L'attaque commence à 16h30, aux bombes explosives puis à la mitrailleuse et enfin aux bombes incendiaires ; les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19h45.

 

   Après le massacre, 20% de la ville était en flammes, et l'aide des pompiers s'avérant inefficace, le feu se propagea à 70% des habitations.

   À la suite de ce bombardement pendant la guerre civile espagnole, horrifié par ce crime, Picasso se lance dans la création d'une de ses œuvres les plus célèbres : Guernica et il dit: « Cette peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. ». Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes, causée par le bombardement des avions nazis à la demande du général Franco.          

   Œuvre de dénonciation et de protestation contre le bombardement de la ville basque, Guernica est une lutte révolutionnaire par la peinture, le manifeste politique de Picasso et l’emblème de la participation du peintre aux drames de son temps : la violence, la barbarie et la guerre. Pablo Picasso rejoint en ce sens Francisco Goya, devenu lui aussi témoin engagé des évènements de son époque (violences et répressions lors de la guerre de 1808). 
Picasso utilise à ces fins une peinture aux formes dramatiques et morcelées, aux contrastes violents et aux couleurs peu nombreuses (du gris-noir barré de jaune et blanc). Cette absence de couleur évoque la mort, à la fois la mort des victimes et la mort de la civilisation. Le grand « désordre » qui semble régner ici fait écho à la grande confusion qui fut celle des victimes au moment du bombardement. La scène semble se dérouler à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, rajoutant encore de la confusion…

 

Chez lui à Paris pendant la Seconde Guerre mondiale, Picasso aurait rencontré dans son atelier des officiers allemands très intéressés par son travail. Les officiers apercevant la célèbre peinture Guernica lui auraient demandé : « C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu : « Non… vous ». 

Depuis 1985, une reproduction de Guernica siège à l'entrée du Conseil de sécurité des Nations unies à New York. Elle y a été placée pour rappeler les horreurs de la guerre.