• Noman Rockwell : The problem we all live with

L'artiste illustre ici une scène du quotidien comme il a l'habitude de le faire... En effet, quoi de plus banal qu'une fillette se rendant à l'école ?

En revanche, les quatre US Marshalls qui l'accompagnent, l'espace dans lequel elle évolue, montrent que la scène n'est pas si banale que ça.

Contexte : l'année 1964 voit aux Etats-Unis la désegregation des écoles (Cf. the Civil Right Act) ; cette fillette va dans une école "blanche" pour la première fois. Elle est accompagnée de quatre US Marshalls qui sont là pour la protéger contre les racistes qui protestent contre cette nouvelle loi établissant les personnes de toutes les couleurs de peau sur un même pied d'égalité de droits.

Le thème de la fillette allant à l'école prend des allures d'un cortège sous haute sécurité !

Sur le mur et à son pied, une tomate rouge a été lancée, visant probablement la fillette. L'éclaboussure montre la violence du geste et le rouge rappelle la couleur du sang, ajoutant encore à cette violence. La fillette, elle, est vêtue de blanc ce qui (dans notre culture occidentale) symbolise la pureté mais surtout l'innocence : en effet, elle n'est coupable de rien !

Toujours sur ce mur, les tags racistes "nigger" ou "KKK" finissent d'illustrer l'animosité d'une parie de la population.

 

Notons :

  • les quatre marshalls qui escortent la fillette ont tous les quatre la même pose, comme si ce qu'ils accomplissaient était en fait un mécanisme habituel, ce qui peut souligner le fait que ce type de scène était fréquente à cette période-là...
  • La fillette dont l'attitude semble plus naturelle passe devant un mur... N'ayons pas peur de l'interprétation : elle passe, indiférente, devant le mur figé, décrépi et sali des préjugés...
  • Pour en revenir au contexte, retenons James Meredith : premier étudiant noir à l'université du Mississipi, obligé durant toutes ses études de se faire escorter par des militaires pour sa propre sécurité. Retenons également et surtout Rosa Parks, arrêtée le 1er décembre 1955 pour avoir refusé, dans un bus, de céder sa place à un blanc ; cet incident fut l'un des déclancheurs de l'action de Martin Luther King pour le rétablissement des droits des personnes de couleur.

 

 

 

 

 

 

  • Movin'In

Encore une scène de la vie quotidienne comme Norman Rockwell aimait les illustrer. Bien qu'ici, ce qui devrait être un simple eménagement prend une allure on ne peut plus pittoresque, voire carricaturale.

Une famille noire s'installe dans le quartier... et visiblement, dans ce quartier-ci, c'est une grande première !

Rockwell a choisi d'illustrer ces "évènements" du quotidien américain de la déségregation par le regard des enfants (regardez les lignes de fuites visibles sur le dallage au sol : elles nous montrent que l'horizon est à la heuteur des yeux des enfants qui s'observent ; l'artiste place le spectateur à la hauteur de ces enfants).

Ce qui du coup pourait être vu comme une confrontation est davantage mis en scène comme une rencontre fortuite, curieuse, étonnante, déstabillisante, extraordinaire...

Les enfants manifestent leur curiosité, mais aucunement leur animosité. C'est cette naïveté qui transparaît dans la scène et qui nous la rend presque comique, touchante en tout cas.