Otto Dix : La Guerre (1928-1931)

 

Tempera (ancienne technique de peinture à l’eau) sur bois ;

204 cm x 204 cm pour le panneau central, 204 cm x 102 cm pour les panneaux latéraux et 60 cm x 204 cm pour la prédelle (partie inférieure).

La Guerre est une œuvre en triptyque (tableau en 3 partie rabattables).

 

   Sur un triptyque composé sur le modèle des maîtres anciens, Otto Dix nous montre clairement dans ce tableau les ravages de la guerre. Il peint une vision d'épouvante où un soldat, le visage recouvert d'un masque à gaz, demeure seul vivant dans une tranchée effondrée, près d'un abri renversé. Des cadavres achèvent de pourrir alors qu'un squelette est demeuré accroché à la branche d'un arbre. Les panneaux latéraux figurent le départ vers le front et le retour de deux blessés. Sur la prédelle, des dormeurs - ou des cadavres ? - allongés sous une toile de tente.

   Les couleurs : celles de la pluie, de la boue et du sang.

   Au niveau de la composition du tableau, on ne retrouve aucune ligne permettant de trouver le point de fuite, ce qui interdit toute impression de stabilité. Tout le tableau inspire donc le chaos.

   L’œuvre, entièrement figurative, est imposante et le spectateur s’y sent ainsi d’avantage intégré (elle se présente comme une sorte de paysage dans son champ de vision).

 

 

Au Moyen Âge, la présentation des œuvres sous forme de grands triptyques (mais aussi de polyptyques) se développe au sein de l’art religieux européen ; de même que la technique de la tempera sur bois, employée par Dix pour ce triptyque, rappelle celle des anciens comme Mathias Grünewald avec le très célèbre Retable d’Issenheim (1512-1515).      

 

 

Grünewald : Le Retable d'Issenheim
Grünewald : Le Retable d'Issenheim

 

 

 

   Lorsqu’il réalise le triptyque de La Guerre, Otto Dix s'inscrit dans un mouvement purement pacifiste. Le réalisme extrême du panneau central illustre sa propre expérience traumatisante du conflit. Quand on lui demanda pourquoi il avait réalisé La Guerre, il répondit « Je voulais me débarrasser de tout ça ! »[