Felice Varini : Huit Carrés (2006)

Installation à l’Orangerie du château de Versailles

 

L’œuvre est ici un dispositif dérivé de l’anamorphose :

les huit carrés bleus sont peints directement sur les murs et la voûte de la galerie du palais.

Ils apparaissent toutefois déformés si l’on ne se place pas au bon endroit qui est le point de vue                             

privilégié. C’est au spectateur de se déplacer pour redonner sens à l’œuvre ; par son implication, l’œuvre a du sens.

Cela ne vous rappelle rien ? Une œuvre avec un point de vue unique, déterminant la hauteur du regard du spectateur et sa place par rapport à l’image : c’est de la perspective ! Et si la perspective est cette technique qui cherche à représenter l’espace réel sur un support plat, c’est aussi cette vision humaniste qui vise à trouver, idéalement et symboliquement, la place de l’être humain dans l’univers : pour qu’une image en perspective puisse faire illusion de façon optimale, il est nécessaire que le spectateur place son regard à la hauteur de la ligne d’horizon de l’espace représenté.

Toutefois, au lieu de créer une image où l’espace est représenté en perspective, Varini utilise directement un lieu où la perspective est prégnante, il l’utilise comme le support d’une peinture qui, avec le jeu de perspective, va nous paraître totalement plate. C’est comme un jeu de perspective inversée.

Dans ses œuvres, Varini questionne la place du spectateur et, comme les humanistes de la Renaissance, la place de l’homme par rapport à l’univers qu’il perçoit. Il joue sur la tromperie des apparences, dans la tradition de la perspective.

 

 

 

En décembre 2008, à l'occasion du festival Dépays'art, Varini est intervenu au château de Balndy-Les-Tours et a réalisé cette oeuvre intitulée Quatre arcs de cercle. Toutefois, la tempête qui a sévi sur la région quelques jours plus tard a irrémédiablement endomagé l'oeuvre qui fut de ce fait désinstallée. Les bâtiments rouges se révèlent être une installation de De Kooning : le Labyrinthe rouge, également démontée à la fin du festival.

Notons que les arcs de cercle tiennent compte de l'implantation de l'oeuvre de De Kooning.

 

Retenons qu'une œuvre qui fonctionne ainsi grâce au lieu où elle est placée est une installation (l’œuvre s’intègre parfaitement au lieu, elle y est installée).